Pour maîtriser un homme en pleine crise de démence qui déambulait dangereusement dans le XIe arrondissement, mercredi 9 avril, un équipage de police est intervenu et a fait usage d’un pistolet à impulsion électrique à plusieurs reprises. Transporté en réanimation, l’homme est décédé.
[Jeudi 19 janvier 2023, manifestation parisienne contre la réforme des retraites.] Des vidéos, prises depuis différents angles et diffusées en ligne, permettent de reconstituer la scène. Avançant de plusieurs mètres au-devant de leurs collègues, les deux policiers atteignent Ivan S., qui est alors à terre entre une poubelle et un lampadaire. L’un des fonctionnaires lui assène un coup de pied. Ivan S. chute du trottoir sur la chaussée. Et alors qu’il est toujours au sol, sur le dos, et qu’il tient à bout de bras, en l’air, son appareil photo, le second policier lui assène du haut vers le bas un coup de matraque au niveau de l’entrejambe. Puis les deux agents de la 31CI regagnent leur rang, sans interpeller ni apparemment s’inquiéter de l’état de santé du photographe. Près de deux ans plus tard, son avocate, Me Lucie Simon, «ne cesse de mesurer les conséquences dramatiques de cette mutilation sur [son] client». Et de déplorer : «Alors que les policiers ont immédiatement été identifiés, que les vidéos sont sans appel sur l’absence de légitime défense, mettant en lumière un geste gratuit, barbare, l’instruction judiciaire est au point mort et nos demandes sont ignorées.»
Après les faits, Ameer al-Halbi avait raconté qu’au moment des échauffourées en fin de manifestation, place de la Bastille, il avait pris « des photos de policiers qui étaient en train de frapper quelqu’un ». Quelques minutes plus tard, « les policiers sont arrivés » : « D’un coup, je me suis retrouvé au sol, je ne me suis pas rendu compte de ce qui s’est passé », expliquait-il.
Il est poursuivi pour « violences volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique » et pour « violences volontaires ayant entraîné une incapacité de travail de plus de huit jours par personne dépositaire de l’autorité publique et avec arme ». Ce jour-là, il a fracturé le nez d’un journaliste syrien, Ameer Al-Halbi, à l’aide de sa matraque télescopique, et a frappé un étudiant effondré au sol, rue de la Bastille, à Paris. Des faits confirmés par une vidéo.
Cette histoire n’est malheureusement pas isolée. L’écrasante majorité des policiers, gendarmes et militaires votent pour l’extrême droite. Les persécutions de minorités, les humiliations d’opposants politique et les propos ouvertement fascistes, déjà structurels et impunis, deviendront la règle en cas de un gouvernement RN.
Pour ces seuls et uniques faits, avoir exercé son métier, elle a été interpellée par la police, placée en garde-à-vue dans les locaux du commissariat du 11e arrondissement. En raison du refus de notre journaliste de donner le code de déverrouillage de son téléphone – en clair de livrer à la police le fruit de son travail et, potentiellement, un accès à ses documents, ses fichiers et ses sources -, sa garde-à-vue a été prolongée. Cet acte d’intimidation n’est pas acceptable.