On le voit maîtrisé par quatre fonctionnaires, des membres de la brigade anticriminalité (BAC), portant leur brassard orange. Pendant qu’un agent lui saisit le cou, trois autres l’amènent à terre. Il est plaqué au sol. Et maintenu dans cette position par un policier qui l’immobilise, un genou sur le torse.
Mais de l’ensemble des violences dénoncées, seuls trois gestes sont poursuivis dans l’enquête, captés par les caméras de vidéosurveillance à l’intérieur du poste. Comme le rappelle la procureure à l’audience, en matière de violences policières : « Ce qui n’est pas filmé n’existe pas au dossier. » Et tant pis si dans son audition à l’IGPN, Aziz E., âgé de 25 ans au moment des faits, a décrit une longue litanie de coups, d’insultes et de références à sa religion de la part des fonctionnaires, depuis son interpellation jusqu’à ce qu’il accepte de déverrouiller son téléphone pour supprimer la vidéo. Les photos de ses blessures, jointes à son signalement, montrent des traces de piqûres à la jambe et aux parties génitales attribuées au taser ainsi que de nombreuses rougeurs « compatibles avec des traces de coup », selon la procureure.
L’un des policiers sort de la voiture et se dirige vers le camion, sans brassard de police apparent. En l’espace de trois secondes, il se place à la hauteur de la portière conducteur de la fourgonnette, recule lorsque le véhicule redémarre et tire. Touché à l’omoplate, Jean-Paul Benjamin finit sa course dans le quartier voisin des Beaudottes à Sevran. La balle a traversé plusieurs organes vitaux et s’est logée dans le foie, provoquant une hémorragie interne.
Le jeune homme ajoute : «Ils disaient ‘yes on a réussi à les renverser’, ils ont vu que j’étais conscient et que j’avais entendu, alors ils m’ont tapé ou essayé de m’étouffer (…) pour que je me rendorme.» (suite…)
Dans la nuit du mercredi 13 au jeudi 14 mars, un jeune homme qui circulait à scooter, à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis, est mort après avoir été percuté par une voiture de police. Il n’avait que 18 ans et était originaire de La Courneuve. Il a été déclaré mort quelques heures après les faits, qui ont eu lieu en début de soirée.
QUAND C’EST PAS LES FLICS QUI EXPULSENT, LES PROPRIOS S’EN OCCUPENT. RÉCIT D’UNE EXPULSION DE SQUAT À NOISY-LE-SEC ET DE 29 GARDES-À-VUES, NOVEMBRE 2023
Le 27 novembre 2023, un squat ouvert depuis quelques jours à Noisy-le-Sec (93), a été expulsé par le proprio à coups de « gros bras » musclés, le tout sous une haie d’honneur de flics qui protégeaient l’entrée en bloquant les personnes qui tentaient de les en empêcher. Dans la foulée, 29 personnes, dont la majorité venues en soutien au squat attaqué, ont été arrêtées et placées en garde-à-vue.