BORDEAUX : TROIS SURVEILLANTS PÉNITENTIAIRES JUGÉS POUR COMPLICITÉ DE VIOLENCES EN DÉTENTION
Résumé :
Trois surveillant-e-s étaient jugé-e-s pour avoir permis et couvert les agissements d’un détenu. Ils et elle ont été relaxé-e-s après six heures d’audience au tribunal correctionnel de Bordeaux, le 27 septembre 2023.
Au centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan, le 3 août 2019, trois surveillant-e-s ouvrent la porte d’une cellule où se trouve un premier détenu et y laissent entrer un 2ème détenu. Ce premier détenu ressortira, blessé par un coup à la tête. Pourquoi ces 3 surveillant-e-s ont-ils laissé faire ? La vidéosurveillance les montre passifs devant la porte de la cellule ouverte.
Une rumeur courait dans la prison : l’un des 3 surveillant-e-s, surnommé le « chef d’orchestre » s’adonnerait à un trafic de téléphones dans la prison. Le premier détenu l’aurait dénoncé et le « chef d’orchestre » aurait envoyé le 2ème détenu régler son compte au délateur. Ce 2ème détenu jure qu’il n’y a pas eu complot et déclare regretter d’avoir été violent.
Le « chef d’orchestre » reconnaît qu’il a commis une faute professionnelle en ouvrant la porte de la cellule et dit qu’il voulait « apaiser les choses » et qu’il n’a pas compris ce qui se passait dans la cellule.
Ses deux collègues déclarent : « On a été abusés, il nous a fait croire qu’il allait faire de la médiation ».
« Ce n’est pas une erreur d’appréciation ou un manque de discernement, c’est une infraction pénale », tonne Me Gabriel Lassort, avocat de la partie civile. « Le détenu violent est escorté jusqu’à la cellule de mon client. On laisse faire, on regarde bouche bée et on essaie de faire croire qu’il n’y a pas de problème ».
La vice-procureure déclare que ce détenu qui a frappé n’a pas été choisi au hasard : « Il a un casier judiciaire de violent ». Elle ajoute : « le parquet sait être vigilant quand les surveillants sont victimes, mais si le surveillant agit lui-même comme un délinquant, il n’a pas sa place dans la profession ».
L’avocat du « chef d’orchestre » a déclaré que son client « était fatigué par ces rumeurs infondées ».
Après en avoir délibéré, le tribunal a relaxé les trois surveillants pénitentiaires abandonnant toute idée de préméditation et il a condamné le détenu violent à 18 mois de prison ferme.
Commentaire de l’Antimedia :
Alors quoi ? Après une telle décision de justice, peut-on considérer que « lorsqu’un surveillant agit comme un délinquant », comme dit la vice-procureure, il va être puni par la justice ? Voire que la justice va estimer « qu’il n’a pas sa place dans la profession » ? En fait, pas du tout !