UN POLICIER DU COMMISSARIAT DE CHÂLONS JUGÉ POUR DES VIOLENCES COMMISES LORS D’UNE GARDE À VUE

L’Union


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Note de lecture

Un policier a frappé une personne gardée à vue : une gifle ou un coup de poing, puis un coup de pied.

En fait, il a suffi que le détenu fasse des doigts d’honneur à la caméra de sa cellule puis essaie de cacher l’objectif avec son matelas pour que des policiers interviennent et que l’un d’entre eux se permette ces actes violents.

On peut comprendre que quelqu’un qui est placé en garde à vue ne soit pas content de ce qu’on lui fait subir et l’exprime. Une garde à vue c’est une privation de liberté. C’est aussi subir une fouille au corps, c’est être privé de tout moyen de savoir quelle heure il est, ni dans combien de temps on va pouvoir sortir. C’est très souvent des conditions d’hygiène inadmissibles dans la cellule. C’est subir la pression des policiers et parfois plus : la preuve, un policier va le frapper.

Malgré cela, la journaliste qui écrit cet article centre son propos sur le dénigrement de la victime qui a subi les coups. C’est ainsi qu’on apprend que, alors qu’il assiste au procès par visioconférence vu qu’il est en détention ailleurs :

  • il est « bruyant, agité, assis sur la table, en train de faire des allers et retours librement sans rien écouter » et pourtant « il ne s’agit pas d’un enfant en bas âge ». « Il ponctue l’audience d’interruptions en tous genres et de marques appuyées de désintérêt » Mais enfin, il s’agit de la victime, et donc pourquoi ne pourrait-elle se mouvoir librement ? Même le mis en examen comparait le plus souvent non entravé ! Et puis cette remarque disant qu’il se comporte comme un enfant en bas âge est tout à fait déplacée concernant, encore une fois, la victime.
  • Un peu plus loin, on peut lire que «  C’est à ce policier que l’on reproche d’avoir assené un coup démesuré à un gardé à vue, déjà bien connu de la justice. Violences en tout genre, sur sa famille ou sur des surveillants pénitentiaires, outrages en veux-tu, en voilà… ». D’abord, ce n’est pas un coup mais deux, et ensuite, que doit-on comprendre à ce qui est écrit là ? Que si la victime a par ailleurs commis des violences et des outrages et qu’elle est bien connue de la justice, alors ça excuserait, voire ça justifierait, que le policier le frappe ? Mais les policiers ne sont pas des justiciers-bourreaux, ou ne doivent pas l’être en tous cas.
  • Un peu plus loin encore on lit que la victime fait du « tourisme pénitentiaire, voguant de prison en prison dans la région. ». Tourisme pénitentiaire !! Eh bien nous ne souhaitons à personne de tâter un jour de ce tourisme là, y compris à celleux qui emploient de telles expressions et font preuve ainsi d’un humour aussi bête et cruel.

Bref ! Nous avons affaire ici à un bel exemple de journalisme de préfecture. Difficile d’imaginer un journaliste salissant plus la victime d’une violence policière et prenant ainsi plus le parti d’un policier mis en examen !

La substitut du procureur, bien qu’elle soit chargée de requérir contre le policier, a tenu des propos semblables a ceux de la journaliste, du moins à ce que relève celle-ci : elle a dit notamment à propos de la victime : « Je pense que tout le ministère public a eu affaire à lui » ou « il a une attitude exécrable ».

Finalement, le policier a été condamné à 3 mois de sursis pour usage disproportionné de la force.

Le tribunal a déclaré avoir procédé à une application modérée de la loi : on n’est pas surpris.