ILS ONT TOUT FAIT POUR CACHER LES FAITS À LEUR HIÉRARCHIE : DEUX POLICIERS DEVANT LA JUSTICE POUR AVOIR VIOLEMMENT FRAPPÉ DEUX JEUNES
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Note de lecture
Deux policiers d’une BAC, Julien D., ancien militaire en Afghanistan, et Nicolas S. ont été jugés en correctionnelle, le 16 novembre 2023, pour avoir exercé , en 2021, des violences sur deux hommes d’une vingtaine d’années. Ils ont leur version des faits mais elle est tout à fait contredite par les images de vidéosurveillance.
Le 15 septembre 2021, s’était produit une bagarre à la terrasse d’un café. Ils étaient intervenus avec trois de leurs collègues et, au bout d’un moment, une dizaine de jeunes ont affronté les policiers. Une soixantaine de mètres plus loin, face au hall d’un hôtel, on trouvera un jeune allongé en position fœtale au milieu de la rue, la tête en sang. Les pompiers l’emmèneront à l’hôpital. On lui mettra trois agrafes.
Le matin suivant les faits, ces deux policiers ont rédigé un document*, où Nicolas S. a prétendu, n’avoir poursuivi personne dans la rue et où son collègue Julien D. disait ne jamais avoir utilisé sa matraque ce soir là.
La vidéosurveillance du hall de l’hôtel, où les deux victimes s’étaient réfugiées, les montre pourtant s’approchant calmement des deux policiers qui leur bloquent la sortie. Alors, Nicolas S. décoche un coup de pied à l’un des jeunes tandis que Julien D. envoie un coup de poing à l’autre, celui que l’on retrouvera avec le crâne ouvert. Puis ce jeune et Julien D. disparaissent du champ de la caméra et c’est à ce moment que Julien D. aurait frappé ce jeune à la tête avec sa matraque. C’est en tous cas, ce qu’affirme clairement l’enquête de l’IGPN. Tout cela corrobore exactement les dires des deux victimes.
Lorsque la juge leur demande pourquoi ils ont poursuivi ces jeunes, Nicolas S. répond qu’il voulait les contrôler, tandis que Julien D. dit qu’il pensait que l’un des jeunes avait toujours un cutter de 11cm qu’il lui avait vu à la main pendant la bagarre. La magistrate leur reproche par ailleurs de n’avoir pas, avant d’intervenir, déclaré qu’ils étaient policiers et de n’avoir pas porté leur brassard orange siglé « police » ( rappelons que les agents des BAC sont en civil).
Pour justifier ce coup de pied, Nicolas S. dit qu’en raison de coups dans les côtes reçus lors de la bagarre, il ne pouvait pas courir et donc le coup de pied était la seule façon d’arrêter le jeune. Mais, pas de chance à nouveau, la vidéosurveillance le montre trottinant.
Quand à Julien D., il reconnaît avoir frappé avec sa matraque mais il prétend que c’était pour se défendre vu que le jeune lui aurait asséné une déferlante de coups et cela justement pendant les 13 secondes où il sort du champ des caméras. Et quand on lui demande pourquoi il n’a pas appelé les secours vu que le jeune était blessé, il dit que ses collègues restés au café lui demandaient de venir en renfort, ce que ceux-ci démentent.
A la barre, Nicolas S. ira même jusqu’à se plaindre de l’attitude de l’IGPN qui selon lui « veut leur peau » , veut leur faire dire « qu’ils voulaient massacrer les jeunes » et ne l’a pas écouté attentivement. Alors la procureure déclare : « L’IGPN n’a pourtant pas souvent une vision contraire à l’intérêt des policiers. »**
De leur côté, les deux policiers déclarent au tribunal qu’ils ne regrettent rien et qu’ils agiraient de la même façon si une telle situation de reproduisait.
En attendant, ils comparaissaient pour violences par personnes dépositaires de l’autorité publique et la procureure a requis cinq mois pour Nicolas S. et dix mois pour Julien D. d’emprisonnement avec sursis. La décision sera rendue le 14 décembre.
Commentaires de l’Anti.media
* Ils ont donc rédigé un faux en écriture. Mais cela ne semble pas avoir été relevé par le tribunal.
** Voilà qui est fort joli : une procureure déclare que l’IGPN agit dans l’intérêt des policiers. On pourrait pourtant estimer que l’IGPN devrait avoir pour fonction de rechercher la vérité, même s’il s’avère que celle-ci dessert les intérêts des policiers. Par ailleurs, on sait que fréquemment, l’institution judiciaire, dans des affaires où des policiers sont concernés demande à l’IGPN d’enquêter. Comment les juges peuvent-ils se faire une idée correcte des faits si l’IGPN leur fournit des compte-rendus d’enquêtes qui protègent les policiers ?