ÉMEUTES À MARSEILLE : LE RAID IMPLIQUÉ DANS UNE SECONDE AFFAIRE DE VIOLENCES POLICIÈRES

Libération


note de lecture

Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet 2023, à Marseille, Abdelkarim Y. a été touché à l’œil par un tir de lanceur de balle de défense (LBD). Ce soir là, la révolte suite à la mort de Nahel, se déroulait dans le centre-ville.

Sur les images de vidéosurveillance, on voit Abdelkarim qui « trotte à une allure de footing » avec quelque chose qui ressemble à un sac plastique à la main (sans qu’on puisse être plus précis sur ce qu’il tenait effectivement en main) et le visage masqué. Abdelkarim dit qu’il avait posé un tee-shirt sur son visage pour se protéger des gaz lacrymogènes et que le sac noir était peut-être tout simplement sa sacoche. Toujours est-il qu’après avoir été touché par le tir de LBD il n’a pas été arrêté et que, par ailleurs, les images de vidéosurveillance n’établissent pas qu’il ait participé aux pillages en cours. Abdelkarim dit qu’il ne faisait pas partie d’un groupe d’émeutiers et que, lorsqu’il s’est déplacé vers les policiers, il n’y avait personne derrière lui. Mais, en réalité, même si il avait participé aux événements de cette nuit là, ça ne justifierait pas le tir

Au moment où il a reçu ce tir, il allait tourner dans une rue perpendiculaire. Il est alors tombé sur le sol.

Toujours est-il qu’il a subi trois opérations à la suite de ce tir. Il souffrait de plusieurs fractures et, un chirurgien lui a annoncé que ce serait un miracle s’il retrouvait la vue de cet œil.

Il se rappelle avoir été visé par un tir venant d’un groupe de policiers vêtus de noir, dont les véhicules correspondent à ceux du RAID. Et de fait, sur les images de vidéosurveillance, on voit deux policiers du RAID tirer vers Abdelkarim, juste avant qu’il ne tombe. Ces deux tirs sont effectués d’une distance d’environ 50 m. Ils sont quasiment simultanés et on ne voit pas les trajectoires. Une instruction a été ouverte pour « violence volontaire ayant entraîné une infirmité permanente et tentative d’homicide par personne dépositaire de l’autorité publique » et une expertise vidéo est ordonnée par le juge pour identifier les deux policiers tireurs.

Par ailleurs, le RAID est destiné aux interventions contre les terroristes, alors pourquoi Darmanin l’a-t-il envoyé contre les révoltés suite à la mort de Nahel ? Arié Alimi, l’avocat d’Abdelhakim, a déclaré : « Compte tenu de ces nouveaux éléments, intégrer le RAID dans le maintien de l’ordre engagerait la responsabilité personnelle du ministre de l’intérieur et de la hiérarchie du RAID pour l’avenir ».

Quatre mois après les faits, il n’y a toujours aucune poursuite contre ces policiers du RAID.

On peut signaler aussi que trois policiers de cette unité sont mis en cause pour l’homicide de Mohamed Bendriss commis le lendemain à Marseille aussi, et aussi par le RAID.