« ATTENTION, CE SOIR J’AI LA GÂCHETTE FACILE ! » : EN 1980, LAHOUARI, 17 ANS, MOURAIT TUÉ PAR UN POLICIER

L’Obs


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Note de lecture :

En septembre 87, sept ans après l’assassinat de Lahouari par le CRS Jean-Paul Taillefer, la justice condamne ce policier, mais à une peine une peine dérisoire. Fatma Ben Mohamed, la mère de Lahouari au sortir du tribunal , s’écrie : «  la France nous a trahis ! » .
A Marseille, au cours d’un contrôle, la voiture dans laquelle se trouve Lahouari venait de recevoir la permission de repartir lorsque Taillefer avait abattu Lahouari d’une rafale de Pistolet-mitrailleur dans la tête, à bout portant. Juste avant, ce CRS avait prononcé en rigolant : « Attention ! Ce soir, j’ai la gâchette facile. ». Et le juge d’instruction a osé conclure à un homicide involontaire par maladresse, imprudence et inobservation des règlements.

Taillefer n’a fait que 3 mois de détention provisoire. Et l’affaire a été portée au tribunal correctionnel et non pas aux assises. La famille de Lahouari va alors se battre pendant 7 ans pour que Taillefer soit jugé en assises. Ils réussissent à ce que le tribunal correctionnel se déclare incompétent. La cour d’appel d’Aix et la cour de cassation font de même. Le CRS est donc jugé en assises.
Les collègues de Taillefer ont fait des dépositions accablantes, lui-même a avoué. Mais cela n’a pas empêché l’avocat général de défendre la thèse de l’accident ! Ni le jury d’accorder les circonstances atténuantes et de le condamner seulement à 10 mois de prison dont 4 avec sursis.
La mère de Lahouari et les jeunes de son quartier ont continué le combat, au moyen de tracts, de pétitions, de manifestations. Ils veulent obtenir une révision du procès. On leur dit que c’est légalement impossible, mais ils ne veulent pas l’accepter. De nombreuses associations ont rejoint le comité de soutien à la famille Ben Mohamed.
La famille a déposé plainte contre l’Etat. pour qu’il « assume sa part de responsabilité dans la manière dont il forme ses fonctionnaires », déclare l’avocat des Ben Mohamed. En effet, l’Etat a confié un fusil-mitrailleur à « un grand émotif et un grand immature… incapable de maîtriser son agressivité dans une situation délicate… qui n’aurait jamais dû être CRS » selon l’expertise psychiatrique. Le CRS, lui-même a déclaré : « Je n’avais tiré que deux fois avec ce type d’arme au cours de mon stage chez les CRS. ». Voilà un CRS immature et incompétent.